Accidents de la route : Saint-Martin pire territoire français

sante Accidents de la route : Saint-Martin pire territoire français

Par Laura Bouaricha 26 février 2024 à 10h54

Afin de montrer l’impact d’un accident sur les différents services de secours, le préfet Vincent Berton a tenu une conférence sur la sécurité routière. Pour rappel, six personnes sont décédées en 2023 sur les routes de Saint-Martin. L’accidentologie représente la moitié des interventions des sapeurs-pompiers, des urgences et du SMUR.

En 2023, la gendarmerie recense 29 accidents, 33 blessés et 23 hospitalisations de plus de 24h, et 6 personnes tuées. Des données qui se seraient multipliées par deux en l’espace d’un an. «Nous sommes le territoire français où l’accidentologie est la plus forte», a confirmé le préfet Vincent Berton. Il a rappelé que les causes de la majorité des accidents sont liées aux comportements à risques. Le non-équipement, la consommation de stupéfiants, l’usage de téléphone… «Les accidents surviennent très peu en raison de l’état de la voirie», expliquait Vincent Berton.

Des chiffres en double à l’hôpital

L’objet de la conférence était de montrer comment un accident impacte les différents services de secours, en donnant la parole aux médecins. Dans la salle, le Dr Eric Meignie, chef de service des urgences des Îles du Nord et médecin urgentiste, le Dr Pierre-Marie Linet, président de la commission médicale d’établissement. «Nous avons une vision plus défaitiste à l’hôpital», a fait savoir le Dr Pierre-Marie Linet, qui voit ses données hospitalières doubler. «Le nombre de patients hospitalisés passe de 23 l’année précédente à 55 en 2023», indique-t-il. «50% de l’activité des médecins urgentistes concerne des blessés non hospitalisés, qui reçoivent des soins courants», rajoute Pierre-Marie Linet. Selon le capitaine de gendarmerie François Deneufgermain, une part importante des accidents échapperait à la gendarmerie car les accidentés ne font pas appel à eux. En raison des infractions commises telles que la conduite sous alcool ou stupéfiant, la possession d’arme ou encore l’absence d’assurance. Les personnes impliquées dans un accident se rendraient directement à l’hôpital.

Banalisation de la conduite sous substance

Dans les profils, «nous avons beaucoup de jeunes et de touristes en quad qui ne maitrisent pas le véhicule», poursuit le Dr Pierre-Marie Linet. Dans la part d’activité de blessés non hospitalisés mais qui reçoivent des soins courants, le Dr Eric Meignie fait part de patients en provenance du côté hollandais. Les deux profils d’accidents courants sont, le jour, des jeunes sur un deux-roues sans casque. En soirée, les urgences reçoivent les plus grands accidents. «Le problème que nous avons, c’est qu’il n’existe pas de centre de traumatologie. Le soir, il faut déployer toute une logistique pour rouvrir des services comme le centre de scanner», confie-t-il. «50% de l’activité du Smur est lié à des accidents de à la route». Parmi les secteurs les plus à risques, on retrouve les Terres Basses, Hope Estate et Bellevue.

Dans les rangs des sapeurs-pompiers, le commandant Cyril Pallud remarque une activité plus importante liée aux accidents sur le réseau routier. «Elle est quasi permanente. Alors que par le passé, nous avions des pics d’activité à des horaires précis», a-t-il exprimé.

Malgré les différentes actions de prévention et initiatives pour réduire les zones à risques, le bilan reste négatif. Il est nécessaire de travailler sur l’acceptabilité de conduite sous alcool et stupéfiants. Il a été constaté l’existence d’une culture de celui qui prendra le maximum de risques, et la banalisation de la consommation de substances illicites. Le préfet, Vincent Berton a rappelé la nécessité de développer la coopération avec Sint Maarten, puisque de nombreux accidents surviennent après un retour de soirée depuis le côté néerlandais.