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Le variant Delta plane et les contaminations s envolent

Par Grégory Rohard      21 juillet 2021 à 10h04
Avec 2 241 nouveaux cas de Covid-19 en une semaine selon les autorités, la Martinique est en pleine 4e vague. A Saint-Martin plusieurs cas de contaminations au variant Delta ont été observés ces dernières semaines et avec eux, la crainte d’un rebond épidémique. Le point sur ce variant venu d’Inde, plus transmissible et légèrement plus résistant aux anticorps neutralisants que les souches historiques.
Selon les autorités sanitaires, nouvelle vague de contamination déferle sur la Martinique. 2241 nouveaux cas de Covid-19 ont été enregistrés la semaine dernière. Un chiffre qui représente près de 15% du nombre de personnes contaminées depuis le début de l’épidémie sur l’île aux fleurs. Si la souche Alpha reste majoritaire, le variant Delta progresse et représentait 9% des nouveaux cas. En Guadeloupe et à Saint-Martin, la présence de ce variant venu d’Inde est d’ores et déjà avéré mais est-il vraiment plus dangereux que les souches précédentes ? Pour répondre à cette question, des chercheurs de l’Institut Pasteur (unité mixte CNRS) en collaboration avec l’Hôpital européen Georges Pompidou AP-HP, le CHR d’Orléans et le CHU de Strasbourg ont étudié et comparé les différentes souches


Les études épidémiologiques montrent une transmissibilité accrue


Les chercheurs ont montré que le variant Delta est moins sensible aux anticorps neutralisants, des anticorps particuliers permettant de prévenir l'infection en bloquant l'entrée du virus dans ses cellules cibles, que le variant Alpha (anglais). « En analysant le sang de personnes ayant été infectées par le SARS-CoV-2 dans les 12 mois précédents, les chercheurs montrent que des concentrations quatre fois plus élevées d’anticorps sont nécessaires pour neutraliser le variant Delta par rapport à la souche Alpha. Cette différence de sensibilité est aussi observée chez les personnes vaccinées avec deux doses du vaccin Pfizer ou du vaccin AstraZeneca : les anticorps présents dans leurs sérums sont efficaces pour neutraliser le variant Delta, avec une efficacité légèrement inférieure que contre le variant Alpha. En revanche, le sérum des personnes vaccinées avec une seule dose (Pfizer ou Astrazeneca) est inactif ou très peu actif contre les variants Delta ou Beta » note l’Institut Pasteur. Ainsi, le variant Delta est légèrement plus résistant aux anticorps neutralisants que le variant Alpha. Le variant Delta qui a fait son apparition en Inde en octobre 2020 est plus contagieux que la souche originelle du coronavirus, mais aussi plus que le variant Alpha. Les études épidémiologiques montrent une transmissibilité accrue, d’environ 60% du variant Delta par rapport au variant Alpha. De plus, le variant Delta est assorti d’une période d’incubation plus courte et de symptômes moins évocateurs. Un cocktail favorisant la hausse des contaminations.

Extrait de l’étude
« … les sérums de patients ayant eu un COVID-19 et recueillis jusqu'à 12 mois après les symptômes ainsi que les personnes ayant reçu les deux doses du vaccin Pfizer ou du vaccin AstraZeneca restent neutralisants, mais sont trois à six fois moins puissants contre Delta, par rapport à Alpha »

Un pic d’hospitalisations important est possible



Dans le but de prédire et prévenir les conséquences de l’émergence et de la progression du variant Delta dans l’Hexagone, les chercheurs de l’Institut Pasteur ont modélisé et étudié différents scénarios

1.

Un modèle de croissance exponentielle simple qui ne tient ni compte de l’immunité naturelle et vaccinale, ni de l’augmentation à venir de la couverture vaccinale ainsi que les dynamiques de transmission et les risques par groupe d’âge. « D’après ce modèle, on pourrait atteindre 40,000 cas Delta par jour le 1er août si la croissance exponentielle se poursuit au rythme actuel » note l’étude.

2.

Un modèle mathématique plus « sophistiqué » qui lui contrairement au premier scénario tient compte des hypothèses liées à la couverture vaccinale, à l’immunité naturelle et aux dynamiques évoquées dans le précédent. « Sous l’hypothèse que 50% des personnes infectées sont détectées par la surveillance, ce modèle anticipe qu’on pourrait atteindre 35,000 cas Delta par jour le 1 août si le taux de transmission devait rester inchangé »

En résumé


« Dans tous les scénarios, le nombre d’admissions à l’hôpital reste relativement faible le 1er août. Cependant, dans certains scénarios, on observe une croissance importante des hospitalisations courant août/septembre » note l’Institut Pasteur. Selon les hypothèses retenues et étudiées par les chercheurs, « le nombre journalier d’admissions à l’hôpital pourrait atteindre mi-août les valeurs observées lors de la deuxième vague (novembre 2020), avec un pic début septembre dépassant largement la taille de la première vague (mars 2020) » dans le cas où dynamique de transmission du virus serait forte. Dans le scénario plus optimiste, « on atteindrait un pic d’hospitalisations similaire à celui de la première vague courant septembre, avec un nombre de lits occupés en soins critiques substantiellement supérieur au pic de mars 2020 du fait d’une population plus jeune de patients hospitalisés ». Dans le scénario où le taux de transmission serait plus faible, « le pic serait fin septembre avec une amplitude nettement moindre que celle des vagues précédentes » estime l’Institut Pasteur.

+d’infos


Le variant Delta est maintenant prédominant dans de nombreux pays ou régions (Inde, Angleterre, Portugal, Russie…) et il est estimé qu’il sera majoritaire dans toute l’Europe d’ici quelques semaines à quelques mois.

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