Parler des addictions dans la société

sante Parler des addictions dans la société

Par Agathe Mathieu 15 décembre 2020 à 12h55

Olivier Fatou, directeur de l’association Trait d’Union, René Maarek, addictologue à l’hôpital, Mélanie Hodge, intervenante en délinquance et accompagnatri

A l’initiative de René Maarek, addictologue au centre hospitalier, plusieurs professionnels ont décidé de collaborer pour proposer des actions de prévention et d’information sur l’usage des substances légales et illégales.

Ils sont 5 professionnels à s’être regroupés autour de la thématique des addictions : René Maarek, addictologue à l’hôpital de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, Frédéric Olivo, médecin généraliste spécialisé dans les addictions, Olivier Fatou, juriste et directeur de l’association Trait d’Union, Serge Genovese, président de Trait d’Union, et Mélanie Hodge, intervenante en délinquance et accompagnatrice en parentalité. Travaillant tous les cinq en lien avec des personnes souffrant d’addictions ou de dépendance, ils souhaitent aujourd’hui aller plus loin que l’offre de soins. Les docteurs Frédéric Olivo et René Maarek collaborent déjà depuis un an afin de développer le lien entre les structures ambulatoires de prise en charge, les médecins libéraux et l’hôpital. Ils envisagent cette nouvelle initiative comme un outil complémentaire à cette offre de soins, pour «apporter des informations en dehors de l’hôpital» et des structures existantes à Saint-Martin, expliquent les porteurs du projet. En croisant leurs regards (sanitaire, juridique…), les professionnels pourront avoir une intervention transversale, visant à la réduction des risques par l’information et non la répression.

Des interventions auprès de la population

Pour mettre en place cette politique de réduction des risques, ils souhaitent aller à la rencontre des citoyens, notamment dans les écoles, dans les entreprises et «tous les sites accueillant des usagers de substances, afin de faciliter leur orientation vers la médecine de ville ou l’hôpital en fonction de leur situation». L’idée étant de «parler, nommer, expliquer les mécanismes de l’addiction, accompagner les citoyens dans leur consommation».

Les 5 professionnels vont rapidement proposer des conventions au centre hospitalier, au rectorat ainsi qu’à Pôle Emploi pour travailler avec la médecine du travail. Ils espèrent pouvoir mettre en place leurs premières actions dès le début de l’année 2021.

Saint-Martin, île des plaisirs et des addictions

A Saint-Martin, le sujet des addictions est particulièrement présent. En effet, l’accès à certains produits comme l’alcool, le tabac ou les drogues est largement facilité par des prix très attractifs. Si certains profils psychologiques sont plus sensibles que d’autres, l’addiction peut toucher beaucoup de monde et est généralement multiple. Les professionnels porteurs du projet rappellent que les addictions ne concernant pas uniquement des drogues illicites mais aussi internet, l’alcool, le jeu ou encore le sucre, l’alcool étant l’addiction la plus répandue à Saint-Martin comme ailleurs. «Avant on visait le sevrage mais on s’est rendu compte que les personnes sevrées développaient d’autres addictions. Aujourd’hui, on est davantage dans une politique de modération et d’équilibre», explique le docteur René Maarek, à l’initiative du projet. D’où l’importance de la prévention et de la sensibilisation par la parole et l’information dès le plus jeune âge. «L’important est de trouver un équilibre entre ses différentes sources de plaisir, l’addiction est caractérisée quand on concentre tous les plaisirs à un seul plaisir».