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Affaire «Enquête exclusive», la société de production s’explique

Par Karim ROSAZ      14 septembre 2018 à 16h11


  Photo©DR
Dès la diffusion du magazine «Enquête exclusive» des voix se sont élevées pour dénoncer certaines «vérités» présentées comme telles dans l’émission. Un collectif a même été créé et a interpellé la chaîne M6. Quelques jours plus tard, l’affaire prenait une toute autre ampleur avec une lettre envoyée cette fois par le président de la Collectivité Daniel Gibbs. La société de production avait, entre temps, donné des éléments de réponse au collectif.
La société de production a répondu au collectif qui s’est créé juste après la diffusion de l’émission pour y dénoncer les images véhiculées dans le reportage. Pour mieux comprendre certaines situations ou certaines images, la société de production explique que plusieurs sessions de tournage ont eu lieu. Certaines dès les premiers jours après Irma, d’autres, réalisées 6 mois après le passage de l’ouragan. La diffusion du magazine interviendra, elle, six mois après le dernier tournage lors du 1er anniversaire du passage d’Irma : «nous avons fait le choix d’y dédier une émission entière et de diffuser son contenu un an plus tard». Il s’agit donc d’un reportage diffusé en septembre 2018 avec des informations et des images vieilles de plus de six mois. Ce premier élément peut déjà porter à confusion.
La société de production explique le déroulement des tournages : «l’image ne triche pas et la ligne éditoriale du reportage n’a pu être prédéfinie, dès lors que les équipes débarquent dans une île ravagée par un cyclone et qu’ils doivent mener une enquête sur le terrain, au jour le jour. L’axe du reportage découle donc de ce que l’objectif a pu capter comme émotions. Après le passage d’Irma, les équipes sur place ont été témoins de la colère de nombreux habitants vis à vis des autorités, cette colère, nous avons fait le choix de ne pas la retranscrire car nous l’avons ressentie trop à chaud. Aussi, nous avons mis en avant des personnes qui ont joué un rôle majeur dans la reconstruction de l’île : C’est pourquoi nous avons consacré une partie à la justice et aux forces de l’ordre sur place, qui ont eu à cœur de rétablir au plus vite la chaîne pénale pour justement permettre d’atténuer ce sentiment d’insécurité qui avait gagné l’île après le passage d’Irma et les actes de pillage. Filmer leur travail concourait à montrer que le problème des pillages dont les images ont fait le tour du monde, a été pris à bras le corps puisque beaucoup d’auteurs ont été retrouvés et condamnés, de même que le matériel volé restitué pour la plupart à leurs propriétaires, comme nous avons pu le filmer».

Armes et drogues
La société de production campe sur ses positions et indique que, selon elle, les informations données sont correctes : «lorsque nous évoquons les problèmes qui touchent Saint-Martin, et il serait faux de les nier, ils sont tous mis en perspective par rapport à des spécificités de l’île. Par exemple, la présence d’armes et de drogues sur le territoire peut s’expliquer entre autres par sa proximité avec des pays producteurs de drogue ou des pays où l’accès aux armes est autorisé, comme mentionné et illustré parfois à l’aide d’infographie.
Il est donc fallacieux et outrageant d’affirmer que le magazine est construit sur des clichés et mauvaises interprétations de la réalité : aucun propos n’a été déformé, ils ont été diffusés tels qu’ils ont été livrés. Et toutes les informations dont les chiffres, ont été recoupées par plusieurs sources, la plupart émanant des autorités françaises et hollandaises».
Enfin la société de production indique «qu’à aucun moment il n’y a eu volonté de ternir l’image de Saint-Martin, mais de s’intéresser à cette île». Telles sont les explications brutes données par la société de production. D’autres éléments d’explication sont présentés dans la longue lettre de réponse au collectif*.
Il sera intéressant maintenant de connaître la position de la chaîne après le courrier de Daniel Gibbs. Depuis, les médias nationaux se sont aussi emparés de l’affaire et certains dénoncent vigoureusement les méthodes employées par l’émission et le présentateur Bernard de la Villardière.
* : Retrouvez la lettre de la société
de production dans son intégralité sur notre site internet.

La réponse de la société de production


A l’attention du collectif

Nous avons eu connaissance de la création de votre collectif suite à la diffusion du reportage sur Saint-Martin et dès lors, nous avons lu attentivement chacune de vos remarques.
Nous nous permettons donc, à travers ce mail, de clarifier certains points pour ne pas alimenter de fausses allégations et permettre de mieux comprendre les points de vue de part et d’autre.

Tout d’abord, il est utile de préciser qu’il était nécessaire et juste à nos yeux de consacrer l’intégralité d’une émission à Saint-Martin, après les événements climatiques qui ont touché l’île il y a maintenant plus d’un an. Là, où certains grands médias n’y ont consacré qu’un court format, ou s’y sont intéressés que très ponctuellement après le passage du cyclone, nous avons fait le choix d’y dédier une émission entière et de diffuser son contenu un an plus tard, lors du 1er anniversaire du passage d’Irma. Beaucoup de personnes issues de métropole avaient peu ou pas connaissance de cette île auparavant.
Il est également important de considérer que dans le cadre de la réalisation de ce reportage, plusieurs sessions de tournage ont eu lieu : une première peu de temps après le passage du cyclone, une deuxième plus de 6 mois après, afin de constater l’évolution de la situation sur l’île. Nous concevons que les images et propos filmés notamment lors de la première session de tournage aient pu avoir, un an plus tard avec du recul, un impact fort et par conséquent, toucher beaucoup de Saint-Martinois. Ils révèlent néanmoins une réalité qui peut paraître crue mais qui est bien le reflet d’une île qui a subi à l’époque une double peine, celle d’une destruction naturelle sans précédent et d’actes de pillage qui ont été vécus par la plupart des habitants comme un « deuxième Irma », ce traumatisme ayant été rapporté de nombreuses fois aux journalistes par la population.
L’image ne triche pas et la ligne éditoriale du reportage n’a pu être prédéfinie, dès lors que les équipes débarquent dans une île ravagée par un cyclone et qu’ils doivent mener une enquête sur le terrain, au jour le jour. L’axe du reportage découle donc de ce que l’objectif a pu capter comme émotions. Après le passage d’Irma, les équipes sur place ont été témoins de la colère de nombreux habitants vis à vis des autorités, cette colère, nous avons fait le choix de ne pas la retranscrire car nous l’avons ressentie trop à chaud. Aussi, nous avons mis en avant des personnes qui ont joué un rôle majeur dans la reconstruction de l’île : C’est pourquoi nous avons consacré une partie à la justice et aux forces de l’ordre sur place, qui ont eu à cœur de rétablir au plus vite, la chaîne pénale pour justement permettre d’atténuer ce sentiment d’insécurité qui avait gagné l’île après le passage d’Irma et les actes de pillage. Filmer leur travail concourait à montrer que le problème des pillages dont les images ont fait le tour du monde, a été pris à bras le corps puisque beaucoup d’auteurs ont été retrouvés et condamnés, de même que le matériel volé restitué pour la plupart à leurs propriétaires, comme nous avons pu le filmer.
Nous avons aussi donné la parole à des habitants de l’île (familles, commerçants, etc...) qui au travers de leurs témoignages véhiculent certains messages pour sensibiliser les autorités. Par exemple, nous avons fait le choix de suivre une manifestation de parents d’élèves et de poursuivre cette thématique avec une famille ; ils étaient inquiets pour la scolarité de leurs enfants, le retour à la normale d’un système éducatif étant une des priorités du territoire.
Lorsque nous évoquons les problèmes qui touchent Saint-Martin, et il serait faux de les nier, ils sont tous mis en perspective par rapport à des spécificités de l’île. Par exemple, la présence d’armes et de drogues sur le territoire peut s’expliquer entre autres par sa proximité avec des pays producteurs de drogue ou des pays où l’accès aux armes est autorisé, comme mentionné et illustré parfois à l’aide d’infographie.
Il est donc fallacieux et outrageant d’affirmer que le magazine est construit sur des clichés et mauvaises interprétations de la réalité : aucun propos n’a été déformé, ils ont été diffusés tels qu’ils ont été livrés. Et toutes les informations dont les chiffres, ont été recoupées par plusieurs sources, la plupart émanant des autorités françaises et hollandaises.
Le pourcentage de personnes bénéficiant du RSA à Saint-Martin, en comparaison avec l’île de France est d’après vos propos « tiré par les cheveux », mais ce chiffre n’est pas une interprétation et est bien réel. Et l’équivalence est ici nécessaire pour comprendre le sens et en prendre toute la mesure (le choix de l’île de France étant un département également qui parle au plus grand nombre).
De même que le chiffre avancé qui démontre que le côté hollandais attire 24 fois plus que le côté français est juste : quand bien même nous l’aurions mis en perspective avec les aéroports et les ports côté français et hollandais à ce moment-là, il n’en reste pas moins que c’est bien le côté hollandais et non le côté français qui voit débarquer en masse des touristes. Sur les 2,4 millions de touristes, 1,9 millions débarquent à Philipsburg.
Il a d’ailleurs bien été précisé que ce flux de croisiéristes avait débuté quatre mois après le passage d’Irma.
Par ailleurs, pendant des mois, les compagnies de croisière déconseillaient même aux voyageurs de se rendre en partie française, parce qu’elle avait plus de difficultés à s’en remettre. D’après les compagnies, ces consignes ont été données après le passage d’experts.
Ces paramètres ont également justifié notre choix d’aborder le côté hollandais pour une lecture complète de l’île de Saint-Martin. Et il est clair que la présence de nombreux bars, casinos, boites de nuit attire et offre plus d’animation pour les touristes. Par ailleurs, les propos du directeur du casino n’ont pas été sortis du contexte car la séquence est datée, il est mentionné que nous sommes tout juste un mois après le passage d’Irma, au moment où le casino ré-ouvrait pour la première fois ses portes.
Concernant le chiffre de 220 vols à main armée, il émane de plusieurs sources telles que la gendarmerie de Saint-Martin et repris dans d’autres journaux sérieux. Il est bien recensé 220 vols à main armée pour 1 000 habitants, contre 64 en Guadeloupe, même si en effet la délinquance a diminué comme l’ont constaté les gendarmes sur place.
De même pour le PIB côté hollandais presque deux fois supérieur à celui côté français, les chiffres qui nous ont été communiqués sont de 14.700 côté français contre 26.021 euros côté hollandais.
Quant au commerçant de la supérette, il a été condamné à une maigre peine (une amende), car la justice avait bien conscience du sentiment d’insécurité qui régnait sur l’île après le passage de l’ouragan, ces propos d’ailleurs étant reportés comme tels dans le reportage.
Vous évoquez des sites comme la Loterie Farm ou la baie orientale qui, auraient en effet mérité toute notre attention, si ce n’est le fait qu’au moment où les équipes étaient sur place la Loterie Farm a été victime d’un braquage et qu’au niveau de la baie orientale le restaurant n’a réouvert comme vous l’avez mentionné qu’au mois de juillet, au moment où nos équipes n’étaient plus sur place.
A aucun moment il n’y a eu volonté de ternir l’image de Saint-Martin, mais de s’intéresser à cette île, le contexte n’étant pas malheureusement le plus joyeux quand on évoque un ouragan d’une telle puissance et ses conséquences.
Pour conclure, j’espère que ces clarifications auront pour effet de nuancer les propos tenus et de reconsidérer nos positionnements d’un côté comme de l’autre.

A votre écoute,



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