Yohan Medina: Maître de la glisse

sport Yohan Medina: Maître de la glisse

Par Laura Bouaricha 19 mai 2022 à 18h06

Du haut de ses 25 ans, Yohan Medina pilote une BMW série E36 compact, voiture avec laquelle il pratique le Drift, l’art de faire des freinages contrôlés avec un véhicule. L’automobiliste, vivant à Saint-Martin depuis 5 ans et passionné de l’extrême, a eu l’opportunité d’affronter ses homologues caribéens en compétition.

Sport mécanique de dérapage, le drift combine l’art et la technique de glisser tout en conduisant. Pilote hors pair, Yohan Medina définit le drift comme «un run sur l’asphalte jugé selon la vitesse, l’angle d’attaque, la méthode et le style plutôt que sur la rapidité».

Comment tu as débuté le Drift ?
Mon premier contact avec cette discipline a été avec des films comme Tokyo Drift ou 60 secondes chrono.
Dès que j’ai eu mon permis de conduire, j’ai commencé à pratiquer ce sport avec mes amis pour le plaisir. Je suis originaire de Lyon. Dès qu’il neigeait, j’allais aux endroits où personne ne se rendait et je m’en allais tirer le frein à main.

Ce sport a l’air tout de même risqué ?
Le plus gros danger selon moi, c’est d’abîmer la voiture. On ne va généralement pas vite mais les chocs peuvent arriver avec les autres voitures sur la piste ou avec des objets placés sur l’asphalte. Mais c’est le risque qui fait aussi l’attrait. J’aime ce sport pour les sensations fortes qu’il procure et l’éventuelle sensation de pouvoir perdre le contrôle. Mais on s’entraîne justement pour ne pas le perdre.

À Saint-Martin, as-tu eu l’occasion de participer à des courses ?
En partie hollandaise, deux courses ont été organisées. La première Drifting Shootout Qualifier. J'ai fini premier face à des pilotes de l'île. On était environ sept pilotes sur la piste en face du Carnival Village à Phillipsburg. Grâce à cette victoire, j’ai pu me faire connaitre et entrer en contact avec des pilotes de Curaçao, Porto Rico, Trinidad, entre autres.

La deuxième course était justement une compétition internationale. Nous nous sommes réunis avec plusieurs équipes de la Caraïbe. Là, j’ai terminé troisième.

Pourquoi selon toi entend-on peu parler du drift à Saint-Martin ?
Le drift n’est pas assez, voire pas du tout développé en partie française. Mais plutôt la Bike life, comme on dit ici avec les run de motos. Pour ma part, j’avais fait une demande auprès de la Collectivité pour avoir accès à un endroit où pratiquer le drift en toute sécurité comme le parking de Galisbay. Mais les pouvoirs publics semblent fermés à la pratique de la discipline.

Quels sont tes projets pour l’avenir ?
L’année prochaine, je suis invité à Curaçao pour une compétition. Je souhaite partir en République Dominicaine, et pratiquer le drift là-bas avec une BMW. Je suis d’ailleurs fan de la marque. J’en ai toujours conduit.
En République Dominicaine, le drift est très répandu. On retrouve des pilotes qui font partie de la formula Drift, la Mecque du drift aux Etats-Unis. Mon rêve serait d’intégrer cette compétition ultime.
Néanmoins, je suis conscient que ni ma voiture, ni mon niveau sont à la hauteur pour le moment. Mais j’y crois. C’est un rêve qui n’est pas impossible, et je le garde dans un coin de ma tête.

Si le public souhaite découvrir drift à Saint-Martin, comment faire ?
Chaque mois, on se réunit entre drifters en face du Carnival Village, à Phillipsburg. Tous les premiers et derniers dimanches. On pilote également les samedis soir à partir de 19h30.

Cadre légal
En partie hollandaise, Yohan Medina glisse sur un terrain mis à disposition pour la pratique de manière légale en lien avec le St Maarten automotive federation.
En partie française, cette activité, à risques, n'est pas encore développée ni autorisée. Pour pallier à ce manque, Yohan Medina souhaite mettre sur pied une association côté français qui répondrait à toutes les mesures de sécurité.